Psychopathie Adaptée / Psychopathe (Successful Psychopaths)

Sujet effacé face au manque de participation

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Le compte rendu que tu as fait sur le programme REACTE est très clair, intéressant et complet. merci de l'avoir déposé ici. J'avais consulté les grandes lignes sur le site officiel.
Voici une question qui me vient à l'esprit après avoir été sur ton site "Saints psychopath Reseach" . Tu développes un certain nombre d'objectifs médicaux. Pour les atteindre, quels sont les méthodes les plus adaptées dans ta situation pour atteindre la paix intérieure ? As tu par exemple utilisé l'hypnose ?
Il est bien évident que nous rentrons là dans une "'intimité mécicale", et que tout le monde comprendra si tu ne souhaite pas développer pas sur ce forum ces informations très personnelles, tu en a déjà beaucoup dit sur ta santé précédemment.

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Pour en revenir au projet REACTE, je dirai qu'un tel projet mériterait d'être connu en France.

et concernant les financements, comment çà fonctionne pour faire vivre REACTE? Vous avez des subventions de l'état, est ce qu'il y a des apports de fonds privés ?

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Pour les personnes qui s'intéressent au sujet de la psychopathie, Darkmind nous a recommandé de lire l'ouvrage de Kevin Button "The Wisdom of Psychopaths".
Je suis en train d'étudier ce livre, il est très intéressant, c'est un must pour un futur psychologue, même pour ceux qui ne se dirigent pas vers la psychologie clinique.
Et pour ceux qui sont pas trop fortiches en anglais, excellent exercice de traduction.
Je n'ai pas fini cet ouvrage mais je ferais un retour plus approfondi quand je l'aurais terminé.

Sujet effacé face au manque de participation!

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Lorsque j'ai fait mes études de psycho, j'ai sympathisé avec une autre étudiante, qui a un enfant à haut potentiel. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cette amie a fait son mémoire sur les enfants à haut potentiel, je ne me souviens pas du détail de son travail. Dans mon souvenir d'après ce que cette amie m'a raconté, ces enfants sont très souvent hyperactifs et agités, ont du mal à "intégrer" les attentes sociales et le normes sociales de l'école. Ils sont incompris par les autres enfants, et souffrent de cette situation. Ces enfants ont un besoin de cognition très élevée (curiosité intellectuelle poussée à l'extrême).
Le risque est que ces enfants risquent de régresser plus tard, comme il est expliqué plus haut.

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Je vais commencer par faire un retour sur la première partie du livre de Kevin Dutton « The Wisdom of psychopaths », afin éclairer, autant que possible, le sujet sur la psychopathie.
Cette problématique est le moyen d'aborder les approches de différentes disciplines : psychologie, neurosciences, anthropologie, sociologie, etc... et de changer certains stéréotypes communément répandus sur la psychopathie.

Je ferais cela par étapes, car c'est un long exercice. Je ne reprendrais pas tous les exemples pour ne pas surcharger le topic, mais plutôt les idées essentielles en illustrant par des exemples de recherches, interviews ou expériences.

Pour introduire le sujet, l'auteur, en préface, explique que son père était psychopathe. Celui ci avait du charisme, n'avait jamais peur, était d'un tempérament rude, mais il n'était jamais violent ; et en plus, il détenait un pouvoir de persuasion hors du commun.

Il ne paniquait jamais et gardait toujours son calme, m^me dans les situations les plus critiques. Il disait que la peur, comme mécanisme de survie est devenu inutile. La peur était un mécanisme de défense contre les prédateurs il y a très longtemps, mais aujourd'hui, une peur exagérée serait inadaptée. Le sang froid et la confiance en soi a permis au père de Dutton de surmonter des situations difficiles.

Pourquoi l'auteur fait il allusion à ceci ? Pour rendre un hommage à son père et au-delà, pour en arriver à cette conclusion : les psychopathes, dépourvus de la sensation de stress ou de peur, ce qui est pourtant perçu comme pathologique ou comme désordre de la personnalité, d'un point de vue de la norme sociale ou de la norme clinique, ont un avantage dans notre société (nous y reviendrons plus tard car plusieurs chapitres vont étayer cette thèse).
Un autre point fondamental est que tous les psychopathes ne sont pas violents ou criminels. Seule un infime minorité le sont.
Certains personnages psychotiques ont fait preuve de génie : Van Gogh, John Nash (fondateur de la théorie des jeux), et autres exemples.

Ce livre n'est pas une apologie de la psychopathie, mais, au travers des rencontres de l'auteur avec des spécialistes et chercheurs en la matière, les interviews avec les psychopathes, il montre que certains traits de la psychopathie sont très fonctionnels pour exercer certains métiers, entre autres. Ce point sera développé plus en détail, le plus simple sera de présenter une synthèse chapitre par chapitre pour donner un aperçu de cette œuvre et essayer, modestement, d'en dégager l'essence.

Par ailleurs le mot « Wisdom », qui veut dire sagesse en français, n'est pas à comprendre comme sagesse absolue, mais plutôt comme une valeur ou qualité relative dans certaines situations. C'est un point sur lequel insiste l'auteur.

L'auteur introduit son chapitre par l'histoire qui suit : Le scorpion et le crapaud.

Vous connaissez peut-être la fable du scorpion et du crapaud ? Un scorpion et un crapaud veulent tous les deux traverser une rivière, mais seul le crapaud peut le faire. Le scorpion lui demande : « je dois traverser cette rivière, j'ai des affaires importantes à accomplir de l'autre côté ». Mais le crapaud hésite, car il sait que le scorpion peut le piquer, car c'est dans sa nature de piquer.
Mais le scorpion arrive à le convaincre en avançant l'argument que s'il piquait le crapaud, ils couleraient dans l'eau ensemble. Le crapaud se laisse convaincre. Tout va bien au début, mais en plein milieu de la rivière, le scorpion pique le crapaud. Le crapaud invective le scorpion, mais celui -ci lui répond : « Tu l'as dit toi-même, c'est dans ma nature de te piquer ». Les deux animaux coulent ensemble.

Cette métaphore est utilisée pour définir le psychopathe. Les témoignages suivants essaient de montrer quelle est la nature du scorpion qui se cache derrière certains psychopathes.
L'analyse d'un cerveau d'un serial killer, après son décès, n'a montré aucune anomalie (dans les années 1970). Un chercheur explique que 2 cerveaux similaires peuvent fonctionner différemment, et l'analyse d'un cerveau « mort » n'est pas vraiment fiable.
Dans les années 90, les chercheurs ont découvert que des mots chargés émotionnellement, comme par exemple « cancer », ne provoquait aucune émotion chez les psychopathes, contrairement à des personnes normales (tests effectués à l' éléctro-encépalogramme).
De plus, il a été montré que les ondes du cerveau Delta, qui correspondent aux états de sommeil, ou de méditation se produisent chez les psychopathes même en état d'éveil.
Un chercheur explique que si les psychopathe sont fascinants, c'est parce qu'ils apparaissent tout à fait normal , mais sont pourtant très différents, en effet, lorsqu'on creuse en profondeur, on ne sait pas ce que l'on va trouver.

Des études ont montré que les psychopathes sont capables de reconnaître les personnes qui ont subi une agression, rien qu'en les regardant marcher.

Les traits qui sont communs aux psychopathes serial killer sont une estime de soi très élevée, pouvoir de persuasion, charme superficiel, dureté, manque de remords et manipulation des autres. Mais on peut retrouver ces traits chez les politiciens et les grands leaders de ce monde, qui ne se soucient pas du tout des conséquences morales ou sociales de leurs actions.

Mais ces traits peuvent être bénéfiques dans certaines professions comme par exemple les neurochirugiens. Voici le témoignage de l'un d'entre eux : « Je n'ai pas de compassion pour les gens que j'opère, c'est un luxe que je ne peux pas m'offrir. Sur le terrain de la salle d'opération, je renais comme une machine froide et sans cœur. »
Il explique que ces opérations sont délicates et que confronté au risque de déces du patient, il a appris à éteindre ses émotions.

De plus, les psychopathes ne sont pas nécessairement violents, même s'ils présentent la plupart des traits commun de la psychopathie. On doit donc raisonner en terme de continuum et de degré.
La psychopathie doit être située sur un spectre sur lequel chacun doit pouvoir se situer.
Des individus peuvent montrer beaucoup de sang-froid et peu d'empathie, mais avoir une conscience et ne pas être violents.
Le degré de chaque dimension (compassion, estime de soi, dureté, etc...) nous donnera une photo plus précise de la personnalité que la simple distinction « psychopathe ou non psychopathe ».

Ensuite, l'auteur se demande si on peut « déceler » un psychopathe. Cette reconnaissance se traduit par des réactions physiques, émotionnelles lorsque le professionnel interview un psychopathe (on peut ressentir du dégoût, une répulsion)... Une étude effectuée en 2003 a montré que les professionnels de la justice criminelle et les professionnels de la santé mentale ressentent ces réactions, mais ce sont surtout les femmes et les personnes les moins qualifiées qui montrent le score le plus élevé.
Au final, que percevons nous lorsqu'on nous sommes face à un psychopathe ? Quelle est l'origine ?

De nombreuses théories tentent d'expliquer ce phénomène. On peut envisager ce phénomène dans une perspective historique : la compétition entre les tribus ancestrales pourraient être le précurseur de la psychopathie. De plus, la violence du prédateur était nécessaire dans la chasse d'animaux de grande taille. Les anthropologues ont fait état des écrits historiques sur les guerriers Viking par exemple, qui ont fait preuve de conduites brutales. Tous ces exemples montrent que ces ancêtres étaient certainement psychopathes.
Les membres de communauté pacifiques, en vertu des mécanismes d'évolution, ont certainement développeer un moyen de surveillance ou de veille neurologique pour déceler les dangers qui entrent dans leur environnement cognitif.
Cela pourrait expliquer pourquoi les femmes par exemple, proies potentielles à cause d'une vulnérabilité physique, auraient davantage de réactions physiques. L'auteut nous parle de l'existence d'un « radar ». Plus l'individu se sent menacé, et plus vous êtes vigilant sur votre sécurité.

Un autre constat est que « les chasseurs » ou prédateurs les plus efficaces ne sont pas ceux qui sont les plus sanguinaires, mais ceux qui sont capables comprendre les intentions de leurs « victimes ». Ils seraient alors capables d'une certaine forme d'empathie, très différente de la notre.

Les recherches d'un psychologue, spécialisé en neurosciences a étudié comment les psychopathes résolvent des dilemmes moraux.
Par exemple, un trolley va très vite et ne peut plus être arrêté. 5 personnes seront tués si celui-ci n'est pas arrêté. Pour l'arrêter, la seule solution est de pousser un piéton pour arrêter l'engin.
Et bien, les gens non psychopathes refusent de prendre la décision de risquer la mort d'une personne (risquant de tuer 5 autres personnes) car cela pose bien entendu un problème éthique.
Mais les psychopathes ont une vision utilitariste, pour eux, pas d'hésitation, il vaut mieux sacrifier une personne que 5.
Dans un autre dilemme, le trolley risque de tuer 5 personnes qui sont coincés sur les rails, mais on peut appuyer sur un bouton pour que le le trolley prenne une bifurcation, mais il y a un coût, il est impossible d'éviter une autre personne qui se retrouve coincée sur cette bifurcation.
Dans cette situation, les gens « normaux » prennent la même décision que les psychopathes, d'appuyer sur le bouton qui permet d'éviter de tuer 5 personnes.
Cette expérience a été menée sur un large échantillon.

Il s'agit dans le deuxième cas d'un problème moral impersonnel, à la différence du premier cas qui relève d'un problème moral personnel.
Dans le cas le plus difficile (faire le choix ou pas de pousser une personne sur les rail pour sauver d'autres personne), l'amygdale et les circuits neuronaux qui y sont reliés sont activés, chez les personnes non psychopathes. Chez les psychopathes, il n'y a aucune activité dans ces circuits neuronaux. Pas de différence entre des dilemmes personnels et dilemmes impersonnels.
Pour eux, il n'y a pas d'identification personnelle, ils sont dans la compréhension de la situation et non dans l'émotion.
Ces découvertes ont des implications fondamentales, car le fait de prendre des décisions sans faire intervenir l'affect peut être requis dans un certain nombre de professions.

Il a été découvert que les traits psychopathiques étaient plus courant dans le monde des affaires que chez les criminels (expérience menée sur 3 groupes, patients atteints de maladies psychiatriques, managers dans le business, et criminels psychopathiques et autres criminels atteints de maladies psychiatriques).
Ces traits sont : charme superficiel, egocentricité, persuasion, manque d'empathie, capacité de concentration, indépendance. MAIS la différence essentielle est l'aspect antisocial du syndrome, qui concernent essentiellement les crimininels.

La frontière entre les psychopathes fonctionnels et ceux qui sont dysfonctionnels ne dépend pas que des traits en eux-même mais plutôt de leur niveau ET de la façon dont ils sont combinés.

(La suite viendra un peu plus tard, je fais la pause !!!)

Kevin Dutton donne des exemples de situations professionnelles critiques dans lesquelles les traits psychopathiques permettent de garder le contrôle : comme par l'exemple la confiance absolue en soi-même et l'absence de peur. Les professionnels du déminage sont concernés, et il a été montré que leur rythme cardiaque diminue significativement dans les situations à risque, alors qu'on aurait pu s'attendre au contraire. Ce résultat est absolument étonnant.
Idem pour l'astronaute Neil Amstrong lorsque sa navette a atterri sur la Lune, la situation était pourtant critique car la navette a rencontré des difficultés à l'atterrissage (je ne rentre pas dans le détail). Les 2 astronautes risquaient alors leur vie et de faire échouer la mission. Mais le sang-froid de Amstrong lui a permis d'avoir une autre perception des choses et de permettre un atterrissage dans les meilleures conditions.

A la fin du chapitre, Dutton propose dans la suite du livre, de voyager « dans les zones internes et externes de métropole de la psychopathie », de traverser les guettos ultraviolents et les banlieues plus conviviales. Cette analogie pour expliquer qu'à chaque extrême du spectre, on trouve les psychopathes tueurs en série d'un côté, et de l'autre côté des élites spirituelles, anti-psychopathes dans le style moine bouddhiste.
Pour les neurosciences cognitives, ce spectre serait circulaire. Ces deux catégories sont à la fois opposées et proches (encore un paradoxe à intégrer).
L'idée de Dutton est de montrer, en utilisant les instruments de la théorie des jeux et la technologie de la psychologie de l'évolution, dans quelles conditions, depuis notre passé ancestral, les psychopathes ont évolué, et comment leur « désordre psychologique » est devenu adaptatif.
Il souhaite également prouver que les psychopathes ne sont pas que des prédateurs dépourvus de remords (stéréotype répandu). Certes, ils peuvent nous « piquer » comme le scorpion, mais ils peuvent aussi nous sauver la vie.

Pour mieux comprendre la psychopathie, l'auteur revisite les grandes théories de la personnalité. La personnalité est un construit très complexe. Je ne reprends pas ici toutes ces théories, qui font l'objet  de débats, voire même de polémiques dans la littérature scientifique. Les ouvrages à ce sujet sont nombreux.

Déjà dans la Grèce Antique, Hippocrate avait dégagé 4 grandes dimensions de la personnalité (sanguine, cholérique, mélancolique et phlegmatique).  

Au milieu du 20ème siècle, les chercheurs ont fait évoluer les traits de personnalité sur des structures synthétiques après avoir mis en exergue une multitude de descripteurs de la personnalité, avec la possibilité de faire les liens entre chaque dimension, ou au contraire, de mette en exergue des dimensions indépendantes entre elles.

En 1952 : Eysenck a dégagé 2 dimensions bipolaires centrales (intraversion/extraversion et nevrosisme/stabilité). Chaque dimension est définie par différents construits. Par exemple, voir le schéma ci-dessous.

Un des modèles les plus connus est celui des BIG FIVE (dans les années 90), de Paul Costa et de Robert McCrae qui comprend comme le nom l'indique, 5 facteurs indépendants qui désignent des traits durables indépendants, et qui reflètent la structure profonde de la personnalité.
Ce modèle s'appelle le « modèle OCEAN » avec les dimensions suivantes :
(O) comme ouverture à l'expérience
(C) comme conscienciosité,
(E) comme  extraversion
(A) comme agréabilité-
(N) comme névrosisme  
La personne évaluée va se situer du chacune de ses dimensions, elle sera plus ou moins agréable, plus ou moins consciencieuse, etc.... le questionnaire pour évaluer la personne est le NEO Personnalité Inventory (NEO PI)
Cette échelle a été très utilisée par les employeurs pour examiner la relation entre le profil psychologique et le succès dans un emploi donnée. Par exemple, l'ouverture à l'expérience joue une rôle déterminant dans certaines professions (consultants, publicité, etc …)
La question qui suit est : comment se positionnent les psychopathes sur ce modèle de la personnalité ?
Un chercheur a demandé à des experts en psychopathies d'évaluer sur une échelle de 1 à 5, comment ils pensent que les psychopathes peuvent se positionner sur une série de traits qui constituent les grandes dimensions du Big Five. Les scores sur la dimension « agréabilité » sont très faibles (notamment sur l'altruisme, la conformité, franchise). Une dimension qui attire le regard est celle de la conscienciosité : il n'est pas surprenant que les traits comme la manipulation, l' insensibilité, l'arrogance sont les traits « standard » des traits psychopathiques, repérés chez les psychologues cliniciens. L'impulsivité et le manque de buts à long terme font partie de la description. Mais ce qui ressort de ce tableau, c'est le score élevé de la compétence, une mesure qui correspond à la confiance en soi inébranlable du psychopathe.
On peut aussi faire un lien avec la dimension « névrosisme », avec des scores faibles sur l'anxiété, la dépression, la vulnérabilité,  la conscience de soi. Ces traits se combinent avec les indicateurs de l'extraversion (scores élévé sur l'assurance, et la recherche de l'excitation ou sensation forte) et l'ouverture à l'expérience ( score élevé sur l'action), ce va générer leur apparence charismatique.

On obtient une personnalité contrastée, éblouissante et puissante sur un côté, glaciale,  imprévisible de l'autre, et sans remords sur un autre versant.

Est ce que ce profil psychologique peut se retrouver chez un Chef d'état par exemple ?
Des professeurs de psychologie ont donné le NEO PI à des biographes de présidents des Etats-Unis. Ce sont les présidents eux-mêmes qui ont rempli le questionnaire. Et bien, il s'avère qu'un certain nombre de présidents ont montré des traits psychopathiques, comme John F Kennedy et Bill Clinton.
Au final, qu'est ce qu'un psychopathe, on peut quand même de poser la question puisque des présidents peuvent présenter les mêmes traits que des serial killers !
Avant de répondre à cette question, il convient de définir ce qu'on entend par « désordres de la personnalité ».

Le DSM (Diagnostic and Statistical of Mental disorders) définit les troubles de la personnalité comme un modèle durable de l'expérience interne et de la conduite, qui dévie des attentes de la culture de l'individu qui est concerné par un trouble (ou des troubles). Une idée clé est que les désordres de la personnalité décelés doivent être durables dans le temps que ce soit le mode de pensée, de sentir, les relations aux autres, l'incapacité à contrôler les impulsions, etc.

Cette approche (raisonnement en terme de troubles) fait l'objet de polémiques dans le secteur de la psychologie clinique. Puisque 14 % de la population est diagnostiqué avec au moins un de ces troubles, on peut de demander si l'appellation désordre est adaptée.
Ainsi, est ce que ces troubles sont un ensemble de pathologies qui doivent être analysés en dehors de la personnalité, ou bien au contraire, est ce qu'ils doivent être intégrés dans la sphère de la personnalité  (dans le Big Five).
Les chercheurs « anti-séparationnistes » optent pour la dernière approche. Ils ont analysé les relations entre les 10 troubles de la personnalité recensés dans le DSM et chaque dimension du Big Five. Ils ont découvert, par exemple que les troubles caractérisés par  la détresse émotionnelle (borderline, paranoïdes, schzoide), montrent les liens très fort avec le névrosisme.
Les résultats montrent que le Big Five comprend aussi bien les grands traits de personnalité et sa constellation de troubles.

Qu'en est-il pour les psychopathes ?
Pinel (1801) avait désigné cette pathologie sous l'expression : manie sans délire. Il a réalisé un tableau  complet et très précis sur le syndrome, en insistant sur le fait que les psychopathes apparaissent comme des personnes saines. D'autres chercheurs de son époque vont dans le même sens : les psychopathes sont à la fois capables d'actes abominables et en même temps, il n'y a aucun trouble dans le processus de pensée, leurs actes aurait pour origine plutôt d'une « dépravation innée de la morale ».
Ces auteurs ont souligné ce paradoxe « à la fois sain d'esprit et déséquilibré ».

Au 20ème siècle, les chercheurs ont mis en évidence le caractère très éclectique de l'identité du psychopathe. Par exemple, Checkley a observé que le psychopathe est une personne intelligente, avec peu d'émotions, n'éprouvant de honte ou de remords, égocentrique,  avec un charme superficiel, manque d'anxiété, insensible à la punition, imprévisible, manipulateur, irresponsable.
Ces personnes sont décrites comme des caméléons, qui peuvent changer de couleur en fonction des circonstances. (la suite viendra un peu plus tard)

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c'est dur ce que tu vis, que diable ! que pouvons nous répondre à çà !
Il faudra un jour que tu nous expliques comment çà fonctionne au Québec, concernant le système de soins. Est ce que tu ne pourras pas demander à aller dans un autre centre ? C'est sectorisé ?

Les personnes psychopathes se sont pas famières avec les valeurs personnelles ou sociales, et ne peuvent pas avoir d' intérêt pour les tragédies ou les joies de l'humanité, telles qu'elles sont présentées dans l'art ou l'histoire. La beauté ou la laideur, l'amour, l'horreur, ou l'humeur n'ont pas de signification pour les psychopathes. Dutton donne cette image : le psychopathe est comme un daltonien pour cet aspect de l'existence humaine, malgré sa grande intelligence.
Dutton a eu des entretiens avec des psychopathes et s'est interessé à la façon dont ces personnes prennent des décisions.
Il leur posait des résolutions de problèmes dans le type « dilemme moral » comme nous l'avons déjà vu plus haut. Mais presque invariablement, les psychopathes ne raisonnent pas comme nous, en terme de morale ou codes sociaux. Ils ont une vision utilitariste qui guide leur choix. Ils raisonnent en terme de nombre, et non en fonction des émotions.

Quelques définitions de la psychopathie et quels tests ?
En 1980, Robert Hare a établi la cheklist de la psychopathie, test qui perme d'en détecter la présence. Cette liste a été revisité en 1991 est a été renommée Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R). Le score maximum de cette échelle est de 40. Elle est basée sur les observations de ce chercheur, et de celle de Checkley.
La plupart d'entre nous plafonne à un score de 2, le niveau à partir duquel on peut se considérer comme psychopathe, c'est 27. l'analyse factorielle a permis de dégager 4 principaux facteurs (ou dimensions) de cette échelle. Voir tableau ci dessous

Psychopathy Checklist-Revised: Factors, Facets, and Items (Hare, 2003)
Factor 1
Factor 2

Facet 1: Interpersonal
Glibness/superficial charm
Grandiose sense of self-worth
Pathological lying
Cunning/manipulative
Facet 2: Affective
Lack of remorse or guilt
Emotionally shallow
Callous/lack of empathy
Failure to accept responsibility for own actions
Facet 3: Lifestyle
Need for stimulation/proneness to boredom
Parasitic lifestyle
Lack of realistic, long-term goals
Impulsivity
Irresponsibility
Facet 4: Antisocial
Poor behavioral controls
Early behavioral problems
Juvenile Delinquency
Revocation of conditional release
Criminel versatility





Définition donné par Dutton : la psychopathie est un trouble composite caractérisé par des multiples constituants interreliés. Ces « composants » se retrouvent autour de différents spectres ou dimensions (interpersonnelle, émotionnelle, style de vie, antisociale).
Quel est le spectre le plus important ? par exemple, si j'ai un score élevé sur les items de la dimension antisociale, et un score faible sur la dimension « interpersonnelle », est ce que je serai plus ou moins psychopathe que quelqu'un qui a les scores inverses aux miens ?
C'est encore un sujet de discussions et de débats.

Pour l'APA (American Psychiatric Association), la psychopathie et les troubles antisociaux sont la même chose. Ces troubles antisociaux (ASPD) sont définis comme la défaillance à se conformer aux normes sociales avec le respect des conduites légales, ce sont des actes répétés qui peuvent faire l'objet d'une arrestation, ils renvoient à la malhônneté, l'impulsivité, manque de remords, le mépris de la sécurité pour soi et les autres.

Et pourtant, il y a une différence fondamentale, entre les items qui correspondent à la conduite déviante (qui correspondent aux comportements antisociaux) et le déficit central affectif. Ce déficit affectif est la caractéritique fondamentale des psychopathes.
Autrement dit, les personnes qui ont le trouble ASPD et les psychopathes diffèrent fondamentalement sur la sphère affective.

Les statistiques montrent que les psychopathes peuvent avoir le trouble ASPD, mais pas forcément. Et parmi les personnes qui ont des comportements anti-sociaux, il n'y a environ que 20 % de psychopathes.
Kevin Dutton donne des exemples de 2 personnes qui ont des comportements anti-sociaux. Les indicateurs qui permet de les différencier est le manque d'émotion pour une de ces personnes, mais aussi le masque (apparence d'une personne « normale » et saine), le style de vie (et plus précisément la tendance à parasiter les autres) , et la manipulation.

Les psychopathes comme nous l'avons déjà énoncé n'ont pas forcément des comportements antisociaux et beaucoup d'entre eux sont très performants dans la sphère professionnelle : ce sont les « successful psychopaths ». Cela pose problème pour la classification psychiatrique traditionnelle et même pour l'échelle PCL R.

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Triste réalité en effet, il n'y a rien d'autre à ajouter. Ce n'est pas étonnant que le système de santé soit défaillant, si on enlève le moteur à la machine !

Je comprends d'autant plus la nécessité de construire le projet REACTE, après avoir pris connaissance du dysfonctionnement de ce système de soins.
Apparemment, cette défaillance de prise en charge au Québec se retrouve à tous niveaux (placement des personnes âgées, prise en charge de la santé physique et mentale, etc...)

Pour faciliter la compréhension, j'ai repris le paragraphe du dernier message que j'ai posté concernant le chapitre 2.
Les psychopathes comme nous l'avons déjà énoncé n'ont pas forcément des comportements antisociaux et sont très performant dans la sphère professionnelle : ce sont les « successful psychopaths ». Cela pose problème pour la classification psychiatrique traditionnelle et même pour l'échelle PCL R.


En effet, les psychopathes qui ont réussi, sont trop souvent assimilés à la catégorie « psychopathe unsuccessful » (qui ne réussissent pas, qui ne sont pas adaptés), ce qui pose problème.
Par exemple, lorsqu’on donne à des spécialistes (psychologues cliniciens, hommes de loi (procureur, avocat) une description prototypique du psychopathe, çà leur fait penser au monde des affaires, universitaire, et à certains milieux juridiques. Ces spécialistes voient dans les psychopathes qui font partie de ces professions, la manipulation, la malhonnêteté, le manque de remords, etc.

Si les spécialistes évaluent les personnes psychopathes « successful » sur l’échelle des Big Five, on retrouve des scores élevés sur l’activité, la recherche de sensations fortes, …et des scores faibles sur l’altruisme, l’agréabilité, et la modestie, à l’exception de l’auto discipline et la conscienciosité (les psychopathes qui ont réussi sont très fort en autodiscipline, contrairement à ceux qui ne sont pas « adaptés »).
Ou est donc la différence fondamentale ? Sûrement sur l’aspect anti-social, qui est la manifestation visible du syndrome.
Cependant, ce critère est insuffisant pour définir précisément la psychopathie. Des chercheurs pensent que l’échelle PCL-R est incomplète sur un aspect fondamental : l’absence de peur.

Par ailleurs, il convient de distinguer les significations psychologiques qualitatives (les traits qui sont à la base de la personnalité) et les comportements quantitatifs. Cette distinction a abouti à deux approches épistémologiques parmi les cliniciens et spécialistes. Il y a donc une scission entre ces deux approches qui ne peuvent pas aboutir sur un consensus et sur des recherches empiriques cohérentes.
Une personne peut avoir tous les attributs psychopathiques, sans pour autant être antisociale.

Le problème des mesures est qu’elles ont été faites uniquement sur des criminels, et non sur les autres populations de psychopathes (les « successful »).

Muni de ces observations, Lilienfelsd et Andrews ont construit une nouvelle échelle (PPI), Psychopathic Personnality Inventory avec 8 Dimensions Regroupées en 3 grands axes, : impulsivité égocentrique, l’absence de peur (ou domination de la peur, difficile à traduire), et insensibilité (manque d’empathie).

On envisage la psychopathie sur un spectre, pour permettre une analyse plus fine. On peut avoir des scores élevés sur certaines dimensions, et des scores plus faibles pour d’autres. La psychopathie est envisagée comme une extension de la personnalité normale.
C’est la même logique pour le spectre autistique et pour le spectre schizophrénique. Pour ce dernier par exemple, on sait que le traits psychotiques sont commun dans l’ensemble de la population, à différents degré. Plutôt que de considérer que soit on est psychotique, soit on ne l’est pas, on considère que la schizophrénie par exemple est un trouble dimensionnel, avec certains seuils entre les différents stades.

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merci d'avoir mis les tests,
çà illustre bien le bla bla que j'ai fait précédemment, et tes commentaires mettent en exergue que la réalité intérieureest complexe, et difficile à appréhender de l'extérieur, c'est d'ailleurs ce que veut nous faire comprendre Dutton en fin de son chapitre 2; demain, j'insérerai la fin du comte rendu de ce chapitre.

Concernant l’étiologie du trouble, la théorie « classique « postule que l’absence d’émotions ou d’empathie provient d’un déficit du fonctionnement de l’amygdale et les connexions afférentes,
Un chercheur, Newman, pense que les psychopathes ne sont pas incapables d’avoir peur, mais qu’ils ne détectent pas cette peur, ils ne sont pas connectés à cette émotion. Il postule que si les psychopathes ne ressentent pas le stress ou l’émotion des autres personnes, c’est parce qu’ils sont concentrés sur des objets, ou des activités qui peuvent rapporter une récompense immédiate, et filtrent tout ce qui sans rapport avec cette activité.

Pour valider son hypothèse, il a mis en place une expérience très ingénieuse. Son équipe de chercheurs ont présenté à des psychopathes et des non psychopathes des images muni d’une étiquette (un nom commun qui est incongruent avec l’image présentée).
Par exemple, vous avez un dessin d'un cochon et par dessus, vous avez un mot écrit en toutes lettres "chat". J'ai pas réussi à mettre l'image.


Il s’agit de tâche de Stroop, utilisée par les cognitivistes pour évaluer la concentration.. Les participants de l’expérience doivent nommer l’image en ignorant le mot incongru. Cette tâche va au final créer des hésitations, car le mot incongru va créer une interférence cognitive. La vitesse pour nommer les images correspond à la capacité de concentration (ou d’attention)

A cette tâche, les psychopathes devraient être plus rapides que les autres participants, lorsqu’ils nomment les images. C’est effectivement ce qui s’est produit. Les interférences produites par les mots inconsistants avec l’image, n’ont pas d’impact sur les psychopathes. Ceux-ci sont plus rapides pour nommer les images que les autres personnes.
Mais les chercheurs ont trouvé des anomalies dans les données obtenues. Ils ont découvert une discontinuité dans les modèles de réponses lorsqu’un certain seuil est atteint, plus précisément, les personnes qui ont un très faible score de psychopathie sur l’échelle PCR –R, montrent les mêmes difficultés, il n’y a pas de différence entre les sujets. Mais lorsqu’on analyse les scores des personnes qui ont un score élevé (psychopathes qui ont un score à partir de 28 à 30 sur l’échelle), les capacités d’attention deviennent très supérieures si on compare avec les personnes qui ont un score plus faible. Ces personnes (scores élévés) ignorent les noms qui sont inscrites sur les images.

Dans une autre expérience, Newman présente à des psychopathes et des non psychopathes une série de lettres sur un écran d’ordinateur. Certaines sont rouges, d’autres sont vertes, et certaines séries étaient douloureuses : en effet, on avertissait les volontaires de l’expérience, que suite à certaines séries, ils recevraient un choc électrique.
Il y avait également une autre condition expérimentale : soit on mettait en saillance que le choc électrique allait être administré, soit on détournait l’attention des participants, en leur demandant si les lettres étaient en majuscules ou en minuscules.
Résultats : lorsque l’attention est détournée, les psychopathes montrent considérablement moins d’anxiété. Mais lorsque la perspective d’un choc électrique est imminente, la tendance est inversée, les psychopathes sont plus tendus.
Ce résultat permet aux chercheurs de faire la conclusion suivante : quand l’émotion est au premier plan, les psychopathes montrent une réponse émotionnelle normale. Mais quand ils sont concentrés sur autre chose, ils deviennent complètement insensibles aux émotions.

La compréhension de la psychopathie, à ce point de la réflexion, devient complexe. S’il y a vraiment un seuil critique sur l’échelle de la psychopathie, seuil à partir duquel certains comportements changent drastiquement, est ce qu’on peut toujours parler d’un continuum, ou alors considérer que ce trouble est un désordre bien à part ? Est-ce une histoire de degré ?
Si la psychopathie est sur un continuum, celui-ci doit être linéaire, mais si on raisonne en qualité de rupture entre la personnalité normale ou la personnalité psychopathique, on a une courbe exponentielle (comme dans la première expérience de Newman).

Certains chercheurs essaient de réconcilier les 2 façons de concevoir la pathologie. Ainsi la psychopathie peut être envisagée sur un continuum, mais à la fin du spectre (vers les scores très élevés), il y a des changements drastiques. Tout dépend du point de départ et de la conception du trouble, il faut définir si on parle d’une prédisposition de la personnalité, ou plutôt d’un trouble du traitement de l’information.
Une chose est certaine, le seuil « critique » est de 30 sur les 2 échelles de la psychopathie (PPI ou PCL-R, et c’est là que les différences cognitives diffèrent complètement.

(fin du chapitre 2)

Je dirais en observation que même si les expériences de Newmann donnent une perspective nouvelle, elles sont discutables car on analyse que des réactions aux stress. Qu'en est il des autres émotions ?

Et pour répondre à Darkmind : comment traduire la complexité de l'expérience intérieure ? Les mesures sont elles fiables ? C'est l'éternelle question en psychologie et à tous les niveaux. c'est pourquoi la recherche se renouvelle constamment. Ces tests (PPI et PCL R) peuvent constituer juste des indicateurs, et à eux seuls, il est certain qu'ils ne suffiront pas à traduire toute la complexité de la personnalité et par là, comprendre les comportements, ainsi que le contexte dans lesquels ils s'inscrivent.

Dans le chapitre 3, l'auteur s'intéresse entre autres, au processus de décision. L'auteur s'appuie sur des concepts très riches, postulats de la théorie des jeux, pensée groupale, rationalité des choix, évolution dynamique de la personnalité psychopathique, etc..

Dans une première partie, l'auteur nous parle du naufrage du navire le « William Brown » en 1841, qui se rendait à Philadelphie. Le capitaine a fait installer l'équipage et les voyageurs dans 2 bateaux de sauvetage avant que le navire coule (1 bâteau avec une partie de l'équipage et le capitaine) et 1 autre qui transportait les passagers + une partie de l'équipage + le premier matelot). Les deux bateaux ont pris des chemins différents pour augmenter les chances d'être retrouvés.
Le premier bateau n'a pas eu de problème. Par contre le deuxième bateau, confronté à des conditions météo désastreuses, à commencé à prendre l'eau. La seule solution était d'alléger la charge.
A ce stage, le premier matelot se trouvait confronté à 2 choix :
1) je ne fais rien et tout le monde va y passer.
2) Je dois faire passer quelques personnes par dessus bord.

Après quelques hésitations, il a opté pour le second choix. Qu'auriez vous fait à sa place ?
Le jury du tribunal de Philadelphie à mis 16 heures avant de statuer.

Lorsqu'on pose la question à des psychopathes, ils n'hésitent pas longtemps !

Dutton propose une analyse de ce cas : dans de telles circonstances, se pose un problème de morale et de conformité au groupe. Ici, le premier matelot a du dépasser les valeurs morales et oublier les conséquences de son action. Ce cas fait penser au dilemme du trolley que nous avons vu dans le chapitre 1.
On peut en tirer la conclusion suivante : alors que la nécessité de survie implique généralement de se tenir à proximité du groupe (les proies animales menacées par le prédateur se comportent ainsi), il y a des situations où il est préférable de s'éloigner du groupe et de la pensée groupale normative (voir les travaux de William H. White en 1952).

Par exemple, la catastrophe de la navette « Challenger » en 1986 serait due au style de la culture d'entreprise et au processus de prises de décision de la NASA :
il s'agit de la conclusion de la Commission Rogers qui a enquêté sur l'accident.

Les ingénieurs avaient donné une forte alerte : ils avaient conseillé leur direction de ne pas faire décoller la navette un jour de grand froid. Par ailleurs, les dirigeants de la NASA savaient que la conception du propulseur d'appoint à poudre présentait une faille potentiellement catastrophique. Les ingénieurs les avait averti sur ce problème fondamental. Mais les dirigeants ont montré un flagrant manque de réalisme et de prise de conscience, ils n'ont pas pris en considération les pertes que pourraient causer un tel accident.
Résultat : 7 astronautes décédés et beaucoup d'argent gaspillé, et tous les problèmes collatéraux.

Pour la pression à la conformité, il faut une minorité imperturbable et imperméable à la peur (l'auteur pense aux psychopathes bien sûr).

Pour approfondir la compréhension du processus de décision, l'auteur s'appuie sur la théorie des jeux.

Rappel sur la théorie des jeux : c'est une branche des mathématiques appliquées qui cherche à évaluer le processus de prise de décision optimal, dans lequel les conséquences ne dépendent pas seulement des individus impliqués dans ce processus, mais surtout de leur interactions.

Cette théorie a été appliquée par des chercheurs (Ohira et Osumi, 2010) pour analyser comment des psychopathes et non psychopathes prenaient des décisions dans des jeux d'argent. Ils utilise le jeu suivant : le jeu ultimatum ; ce jeu s'appuie sur un paradigme utilisé dans le champ neuro-économique, pour explorer la manière dont nous évaluons les gains monétaires.
Le jeu nécessite d'avoir 2 joueurs qui décident comment une certaine somme d'argent doit être répartie entre eux. Le premier joueur propose une solution, et le second joueur, décide s'il accepte ou s'il refuse l'offre.
Si le second joueur rejette l'offre de son adversaire, les 2 protagonistes ne gagnent rien.
L'offre de départ peut être équitable ou non équitable. Je ne rentre pas dans les détails mais voici les résultats obtenus :

Alors que les joueurs « non psychopathes » refusent les offres inéquitables (et par conséquent le gain pour les 2 joueurs est nul), les psychopathes réagissent autrement, ils acceptent plus facilement les offres injustes ou inéquitables, et au final, ils obtiennent plus de gains. Ils favorisent l'utilité économique et ignorent la préservation de leur égo.
Ohira et Osumi (les chercheurs) en sont arrivé à cette conclusion : çà paie d'être psychopathe !
Les psychopathes savent déceler avec finesse la stratégie qui sera la plus utile, la plus payante.

Ensuite, Dutton s'intéresse à la façon de gérer les conflits. Il donne l'exemple d'un membre d'un gang redoutable aux Etats Unis, qui explique comment on peut s'en sortir dans le milieu hostile des prisons dans lesquels règne la loi de la jungle. « Il vaut mieux prévenir que guérir ». Le passage n'est pas facile à traduire, mais d'après ce que j'ai compris, cette prévention se traduit entre autre, par le meurtre et par de multiples stratégies qui permettaient aux membres de ce gang de communiquer pour défendre leurs intérêts.
Un autre exemple est celui d'un soldat des forces spéciales qui est instructeur en arts martiaux : « quand vous êtres dans une situation hostile, la meilleure solution est d'adopter les intentions agressives d'un individu potentiellement violent, et de lui faire comprendre que vous pouvez allez encore plus loin. »

On peut faire le lien entre ces stratégies comportementales et les traits psychopathiques : dureté, absence de peur, persuasion, charme. Cette combinaison peut constituer une force mortelle, mais peut aussi permettre de sauver la vie.

Ces traits de caractère sont à mettre en lien avec la sélection naturelle, nos plus lointains ancêtres étaient « psychopathes », leurs comportements de prédateurs et agressifs s'inscrivaient dans une logique de survie.