merci leger pour ton conseil biblio
je t'avouerai que le cas clinique que je trouve plus compliqué est celui de marie.
Observation de Marie
Une jeune femme se présente à l’hôpital en disant d’appeler Wolf, avoir 23 ans et être sans papiers d’identité. Elle se plaint d’une gêne d’élocution et de mastication et d’une contracture cervicale gauche indolore entraînant une attitude vicieuse de la tête.
Elle est hospitalisée et le bilan somatique s’avère normal, les médecins notent un certain théâtralisme et une mythomanie probable.
Elle raconte que sa mère, abandonnée par un soldat allemand, s’est suicidée par désespoir; qu’elle-même a été élevée par des religieuses et qu’elle a récemment eu ses premiers rapports sexuels avec un jockey.
Elle porte d’ailleurs une casquette de jockey, un pantalon moulant et un chemisier à larges bandes de couleurs vives.
Dans le service, elle est perçue comme une jeune fille isolée et malheureuse. Un jour, lors d’un entretien avec une jeune externe, elle éclate en sanglot, se jette dans ses bras et l’embrasse en lui disant qu’il a de la chance d’avoir une mère.
Elle est orientée vers une consultation psychiatrique. Sa présentation est encore plus spectaculaire : elle se tient la nuque à pleines mains parce que dit-elle, elle ne peut plus tenir la tête droite. Elle porte des lunettes noires parce que ses paupières se ferment de manière incoercible. La parole est saccadée, comme explosive, la main gauche est recroquevillée en flexion.
Elle raconte à nouveau son expérience sexuelle en ajoutant qu’elle a mené pendant l’été une vie de débauche (flirt, boîtes, tabac, whisky).
Elle entre dans le service de psychiatrie. Elle s’agite beaucoup et menace de se suicider. Elle est anxieuse et a des conduites bizarres : elle chevauche son oreiller et urine dessus. Elle se vante d’avoir avalé un stylo, ce qui, après, vérification s’avère faux.
Elle tente désespérément de capter l’attention des médecins. Elle demande à sortir pour fumer et boire du whisky. Sa demande étant refusée elle annonce qu’elle a avalé une brosse à dent.
Cette fois-ci on doit pratiquer une intervention pour retirer l’objet qu’elle avait en effet avalé.
De retour dans le service, elle continue à demander de l’affection, de l’intérêt. Elle est exigeante, parfois grossière. Les symptômes somatiques persistent. Elle avoue lors d’un entretien qu’elle a menti, elle s’appelle Marie-Laure. Elle est orpheline de mère et a été élevée par des religieuses jusqu’à l’âge de 17 ans. Puis elle a été hospitalisée à 20 ans et s’est enfuie de l’hôpital. Tous ces renseignements s’avèrent exacts.
Suite à cet aveu, son comportement se normalise, mais des mouvements anormaux apparaissent au niveau de la tête.
On apprend que sa mère est morte jeune, de tuberculose. Son père est un paysan, frustre, alcoolique. Marie-Laure est l’aînée d’une fratrie de deux filles. Elle a été confiée à des religieuses avec sa soeur dès son plus jeune âge. Elle n’a jamais connu ses parents.
Dans son enfance, on note une énurésie pré-pubertaire. Elle garde un mauvais souvenir de l’orphelinat qu’elle décrit comme sévère, triste et pesant pour elle. A 14 ans, elle menace de se jeter par la fenêtre. A 15 ans, elle quitte le pensionnat et devient employée de maison. Elle connaît alors un homme de 30 ans de plus qu’elle avec qui elle a ses premières relations sexuelles.
Suite à épisode malheureux, elle connaît une instabilité professionnelle et affective.
À 20 ans, elle est soignée par un psychiatre parce qu’elle se sent déprimée, n’a de goût à rien et se sent inutile. Elle se lave aussi fréquemment les mains.
Sous anti-dépresseurs, elle fait deux jours plus tard une tentative de suicide et est hospitalisée. Sa présentation élégante est hautaine et maniérée.
Elle raconte sa vie aux médecins. C’est un vrai roman, mais les versions sont fluctuantes. Elle dit venir d’un milieu riche, être très brillante, cultivée. Elle a des relations dans le milieu culturel etc...
Elle raconte des aventures amoureuses avec des hommes riches qui ont de belles voitures et des situations importantes. Après avoir passé la nuit avec l’homme en question, elle dit le quitter au petit matin.
Elle est déçue par les expériences physiques. Ce qu’elle recherche avant tout, c’est l’amitié.
A 18 ans, elle éprouve le besoin de voir son père. Elle débarque chez lui et découvrant cet homme vivant sordidement et alcoolique, elle s’enfuit épouvantée et ne voudra plus le voir.
Quelques jours après son hospitalisation, elle tient à partir et vit une mésaventure avec un jeune homme qui la bat et la vole. Elle se réfugie au commissariat ou elle avale quinze cachets pour calmer son angoisse.
Puis elle travaille dans un bar mais s’en lasse au bout de deux mois. Elle vole de l’argent à sa soeur et part en auto-stop. L’automobiliste qui la prend la trouve si bizarre qu’il la dépose à l’hôpital.
Elle a une crise d’agitation. On la place en psychiatrie. Durant ce séjour, alternent un semi-mutisme d’opposition et d’agitation avec des tentatives de suicide.
Trois mois passent et son état s’améliore. Elle est placée comme vendeuse, et regagne l’hôpital le soir. Deux mois plus tard, ayant rencontré un garçon, jockey, elle ne rentre pas à l’hôpital.
Marie-Laure raconte que ce garçon la fait boire. Le jour où il ne vient pas au rendez-vous, elle est effondrée et parcourt les rues, en larmes et décide de rentrer à l’hôpital en auto-stop.
Elle écrit à sa soeur pour l’informer de sa décision de se faire soigner dans un autre hôpital. Elle dit être lucide sur le fait que ses “ nerfs s’emparaient d’elle à nouveau “.