Motivation personnelle

Qui est interessé à la motivation?
Motiver ou être motivé....
Je cherche des personnes interessées à ce sujet.....

Peux-tu préciser davantage ta demande? Je ne vois pas très bien où tu veux en venir...

Salut John Connor,

J'ai orienté mon mémoire de dernière année sur "Motivation et Amotivation des patients coronariens en réadaptation cardiaque", donc si ça t'intéresse, je peux te faire parvenir par e-mail cette partie.

Il y a un très bon bouquin en français (cela existe!) qui s'appelle "La Motivation Humaine" de Nuttin.

Pour les autres personnes du forum que cela intéresse, voilà quelques extraits, notamment de la Théorie de l'Auto-Détermination de Deci et Ryan: (attention, merci de ne pas pomper mon mémoire sans me citer, et de respecter la propriété intellectuelle (sinon, je risque d'être très en colère ;) ).
L'orientation théorique est clairement cognitivo-comportementale:

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1. 3. La Théorie de l’Auto-Détermination (Deci et Ryan, 1985)

Muller (2004) explique que les théories de l'auto-régulation du comportement dans le domaine de la santé peuvent se subdiviser en deux champ d’investigation distincts : d’une part celui intéressant la structure des buts personnels de vie ; et d’autre part, celui concernant la régulation motivationnelle de ces buts. C’est ce second axe que nous allons étudier ici.

Effectivement, afin de comprendre les phénomènes de motivation et d’amotivation à suivre et à investir le programme de réadaptation cardiaque pour les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires, nous allons nous intéresser à la Théorie de l’Auto-Détermination, conceptualisant ces notions dans une perspective dynamique de la réalisation de soi.

La Théorie de l’Auto-Détermination (Self-Determination Theory (SDT)) a été développée par Deci et Ryan (1985), Ryan et Deci (2000), dans le but d’étudier comment sont motivés les comportements des individus. Il s’agit d’une approche de la motivation humaine qui se base sur une métathéorie organismique (c'est-à-dire dans l’objectif de détailler les différentes formes de motivation extrinsèque et des facteurs contextuels qui favorisent ou entravent l'internalisation et l'intégration de ces comportements), qui met en évidence l’importance des ressources internes de chacun pour le développement de sa personnalité et l’auto-régulation de ses comportements. De ce fait, son champ d’investigation réside dans l’étude des processus inhérents à la croissance et aux besoins psychologiques innés (cf. infra) des personnes, processus qui sont à la base de l’auto-motivation et de l’intégration de la personnalité, mais aussi dans l’étude des conditions qui stimulent ces processus (Ryan et Deci, 2000).

1. 3. 1. Le concept de motivation

Avant d’évoquer la SDT et sa conceptualisation de la motivation, nous allons expliciter la signification de cette notion, en nous référant à différents auteurs et différents courants théoriques, sans pour autant avoir un objectif d’exhaustivité.

Le terme "motivation" provient du latin "movere" qui signifie mettre en mouvement. Il s’agit donc d’un processus dynamique (c'est-à-dire non figé, ni une caractéristique individuelle) qui dirige le comportement, « régule le comportement de l’individu en interaction avec son milieu » (Nuttin, 1980).

Au niveau de l’historique de la conceptualisation de la motivation, il semble émerger, au début du XXe siècle, deux conceptions de la motivation : une énergétique (à partir des théories freudiennes) et l’autre associative (travaux de Thorndike (1898) et Pavlov (1932), cités par Nuttin, 1980). D’après Nuttin (1980), ces conceptions reposent sur la notion d’arc réflexe : l’action d’un stimulus transporté par voie afférente devient une réaction efférente.
En effet, dans l’Interprétation des rêves de Freud (1900) (chapitre 7, cité par Nuttin, 1980), la notion de réflexe est clairement décrite comme étant le prototype du comportement. Selon le psychanalyste, le stimulus (le plus souvent interne) apporte à l’organisme un excès d’énergie libidinale que l’appareil psychique va décharger via les effecteurs (réponse) (principe d’homéostasie). L’action est comprise comme étant décharge (produisant du plaisir) d’un surcroît énergie libidinale. La motivation est conçue ici comme un processus dynamique.
Comme l’explique Nuttin (1980), pour Thorndike et Pavlov, le stimulus, à défaut d’être à l’origine de l’énergie, est vu comme la source d’une association, d’un lien, d’une connexion, avec le comportement (réponse). Il s’agit du schéma S R.

A partir de ces deux courants, émerge une troisième conception de la motivation, celle qui souligne le processus d’information et l’élaboration cognitive servant à établir des projets motivationnels, des buts (Nuttin, 1980), telle que nous allons l’évoquer.

Selon Nuttin (1980) et Fraisse et Nuttin (1959), parallèlement à la conception freudienne de la motivation comme décharge d’énergie, il existe aussi une motivation humaine à rechercher la tension (de nouveaux buts plus élevés), et non comme anticipation de la décharge future, qui produirait le plaisir. Nuttin (1980) explique que c’est dans l’excitation même de la tension que peut se trouver le plaisir. Selon cette conception, la motivation n’est pas que d’ordre descendant (réduire la tension en déchargeant l’énergie en excès (décharge, rappelons-le, source de plaisir), via l’action), elle est aussi ascendante (chercher de nouveaux objectifs afin de faire émerger, de réintroduire un nouvel état de tension, de discordance (de discrépance), source d’excitation et de plaisir) (conception proche du darwinisme).
En conséquence, Nuttin (1980) affirme : « ce sont les processus de formation de buts et de projets qui, dans notre conception de la motivation humaine, représentent cette ligne ascendante du développement ». Il s’agit d’une tendance humaine à dépasser le stade atteint.

Concrètement, Nuttin (1980) définit le concept de motivation comme étant « une structure cognitivo-dynamique qui dirige l’action vers des buts concrets ». Selon cet auteur, la motivation n'est pas uniquement un processus de déclenchement mais il s’agit avant tout d’une régulation continue et d’une direction active du comportement. Ainsi, la motivation est un processus qui fait naître l'effort pour atteindre un but précis et qui permet la persistance et la relance cet effort jusqu'à ce que ce but soit atteint.
Cet auteur explique que la construction des buts personnels et de projets (qui sont des concrétisations des besoins) résulte d’une interaction et d’une co-participation entre les processus motivationnels et cognitifs.

Selon le Health Belief Model (HBM) (le Modèle des croyances sur la santé) (Rosenstock, 1974), la motivation d’une personne qui souhaite changer de comportement (en l’occurrence adopter un comportement de santé considéré comme sain pour elle) dépend de l’évaluation de la menace pour la santé, et de la balance décisionnelle des coûts et des bénéfices perçus du changement de comportement. Selon cette théorie, le comportement-but semble être poursuivi uniquement dans l’optique du bénéfice espéré (avoir une meilleure santé), et non pour le changement de comportement en lui-même. De même, la motivation de la personne est conçue de telle sorte que celle-ci n’est influencée que par ses propres décisions ; la motivation, selon ce modèle, est uniquement autonome, et jamais contrôlée. En outre, elle apparaît comme étant essentiellement extrinsèque par régulation identifiée (cf. infra), ce qui semble réducteur.

D’après Vallerand et Thill (1993), la motivation renvoie à un construit relatif aux forces internes et/ou externes qui produisent à la fois l’origine, le déclenchement, la direction, la force, la persévérance et le maintien du comportement.
Ainsi, par rapport à l’origine et au déclenchement du comportement ciblé, le rôle de la motivation se traduit en des termes de dynamisation. Pour la direction du comportement, la motivation permet que le comportement soit en adéquation avec les buts fixés. Les auteurs expliquent aussi que la motivation fournit une certaine quantité de ressources énergétiques et cognitives, qui sont à la base de la force et de l’intensité du comportement. Enfin, en qui concerne la persistance et le maintien du comportement, une motivation continue est nécessaire.

Selon Carver et Scheier (1999), la motivation à changer un comportement dépend du désir de l’individu de réduire la dissonance perçue entre son état réel et un état désiré. Elle résulte donc d’une évaluation cognitive de la situation actuelle, de celle correspondant au but fixé, et de la différence, l’inadéquation entre ces deux situations, c'est-à-dire la « discrépance » (pour reprendre le néologisme de Nuttin, 1980).

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suite...

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1. 3. 3. Les différents types de motivation

La SDT part du constat selon lequel, bien que la motivation soit un concept souvent étudié en tant que construction singulière, les personnes semblent incitées à effectuer différents types d’action pour des raisons distinctes, avec des expériences et des conséquences fortement diverses. Ainsi, les individus peuvent être motivés parce qu'ils évaluent une activité potentiellement bénéfique pour eux, pouvant leur répondre à un besoin, ou bien parce qu'il y a une coercition externe forte (par exemple, comme l’explique Muller (2004), devoir suivre une prescription médicale d’un traitement médicamenteux contre l’hypertension artérielle, pour un patient asymptomatique). De même, il peut s’agir pour ces personnes d'un engagement personnel ou bien de la crainte de déplaire à quelqu’un.
Ainsi, à l’instar de Nuttin (1980), Deci et Ryan (1985) ont-ils mis en évidence des contrastes entre le fait d'avoir une motivation interne et le fait d’être extérieurement encouragé.

La motivation intrinsèque implique que l’individu effectue une tâche ou pratique une activité pour l’intérêt qu’elle présente en elle-même et en l’absence de quelconques récompenses extérieures, parce qu’il en retire une certaine satisfaction et du plaisir. Cette motivation est liée au sentiment d’autonomie, qui est un besoin psychologique fondamental, comme nous l’avons évoqué précédemment, et de contrôle d’autodétermination (Deci et Ryan, 1985).
La motivation extrinsèque est une forme de motivation dirigée vers les récompenses : la personne effectue l’action en espérant y retirer quelque chose en échange. Il s’agit d’une forme contrôlante de motivation (Deci et Ryan, 1985). LaGuardia et Ryan (2000) remarquent que la grande majorité des actes effectués sont davantage extrinsèquement motivés, et ce sont des actes "instrumentaux", c'est-à-dire qu’ils sont réalisés dans l’objectif et la visée d’un résultat, et non pas pour le plaisir d’effectuer l’action pour elle-même.
Nuttin (1980) différencie ainsi le fait de jouer de la musique pour le plaisir (motivation intrinsèque) et le fait de jouer de la musique pour gagner de l'argent (motivation extrinsèque). Comme le précise l’auteur, il y a souvent "surdétermination", c'est-à-dire qu’un acte est motivé de plusieurs manières. Ainsi, il peut y avoir une coexistence de motivations intrinsèques et extrinsèques ; l’auteur cite l’exemple étudier une science : la motivation peut être à la fois intrinsèque (mieux connaître cette matière), et extrinsèque (dans le but d'obtenir son diplôme).
Enfin, la notion d’amotivation fait référence à une absence relative de motivation autodéterminée chez la personne. Cet état s’observe lorsque l’individu constate une inadéquation entre les efforts fournis pour effectuer le comportement, et le peu de résultat en découlant. En outre, le sujet aura la sensation de ne pas pouvoir contrôler, ni même avoir d’influence sur les forces environnementales. Ryan et Deci (2000) expliquent que la personne amotivée aura un faible sentiment d’auto-efficacité (Bandura, 1977). De ce fait, pour l’individu, il y a peu de raisons pour poursuivre la pratique du comportement en question (Ryan et Deci, 2000). On peut rapprocher, avec les auteurs, ce phénomène de la notion d’impuissance apprise (learned helplessness, Seligman, 1975).

En 1997, Vallerand suggère qu’il existe trois sous-types de motivation intrinsèque, à savoir la motivation intrinsèque à la connaissance, la motivation intrinsèque à l’accomplissement, et la motivation intrinsèque à la stimulation.
La motivation intrinsèque à la connaissance est décrite par l’auteur comme étant basée sur le plaisir à apprendre que la personne retire de l’activité : cette activité lui permet d’acquérir ainsi de nouvelles connaissances, informations. En l’occurrence, dans le cadre des maladies cardiovasculaires et de la réadaptation cardiaque, il peut s’agir pour le patient d’en apprendre davantage sur sa maladie, ses causes (facteurs de risque), etc.
La motivation intrinsèque à l’accomplissement correspond au fait d’être engagé dans l’activité pour le plaisir de se dépasser, d’accomplir quelque chose, de s’améliorer. Par exemple, le patient cardiaque apprécie participer au programme de réadaptation cardiaque car il sens que le réentraînement à l’effort l’aide à se sentir mieux et à améliorer ses capacités physiques à l’effort. De ce fait, ce type de motivation est essentiellement centré sur l’activité, sur le processus en eux-mêmes, et moins sur le résultat de cette action.
Enfin, la motivation intrinsèque à la stimulation, consiste à pratiquer une activité pour les sensations, les émotions intenses que celle-ci peut procurer. Ainsi, les personnes cardiaques participant au programme de réadaptation cardiaque peuvent se sentir très stimulées par les activités sportives qu’elles réalisent dans le cadre du réentraînement à l’effort, ou alors elles peuvent aussi apprécier les sensations induites de calme qu’elles ont lors des séances de relaxation ou de respiration.

En 2000, Ryan et Deci proposent différents sous-types de motivation extrinsèque, qui sont : la motivation extrinsèque par régulation externe, la motivation extrinsèque par introjection, la motivation extrinsèque par identification et la motivation extrinsèque par intégration.
La motivation extrinsèque par régulation externe correspond au fait d’être motivé par une activité car d’autres personnes nous y incitent (sous couvert de récompenses ou de menaces, par exemple). Dans le domaine de la santé, c’est ce qu’on peut entendre par la notion de compliance : le patient prend ses médicaments car le médecin le lui demande, et non car il pense en retirer un bénéfice. Il peut aussi s’agir d’un patient cardiaque qui participera au programme de réadaptation cardiaque pour rassurer ou faire plaisir à son épouse ou à ses enfants, par exemple : sa participation ne sera pas intrinsèquement motivée, mais émanera d’un désir de sa famille.
La motivation extrinsèque par introjection consiste dans le fait d’internaliser les raisons (qui ne sont pas, par conséquent, clairement identifiées) qui poussent la personne à participer à l’activité, c'est-à-dire d’éviter de ressentir des émotions négatives, telles que le regret (a posteriori), la culpabilité. Ainsi, la personne se sent-elle quelque peu "obligée" (non pas par les autres, mais par soi-même) de faire l’action.
La motivation extrinsèque par régulation identifiée correspond à un locus de causalité moins extrinsèque que la régulation externe (Ryan et Deci, 2000). Il s’agit pour la personne d’apprécier les conséquences de sa participation, et si celles-ci sont jugées appréciables, alors la personne effectuera l’activité. Celle-ci n’est pas motivante en elle-même, mais du fait des conséquences qu’elle peut apporter. Il peut s’agir pour les personnes cardiaques en unité de réadaptation cardiaque de développer d’autres aspects de leur personnalité (sociabilité, etc.), ou encore de profiter d’un repos inhérent à l’hospitalisation ou à un arrêt maladie (pour les personnes habituellement très actives professionnellement), ce qui correspond ainsi à un bénéfice secondaire de la maladie et de l’hospitalisation. Un autre exemple est la personne cardiaque qui se sent motivée par le programme de réadaptation cardiaque car elle espère pouvoir y perdre du poids (du fait du régime hypolipidique et de l’activité sportive).
Enfin, la motivation extrinsèque par régulation intégrée est la forme la plus autodéterminée de régulation comportementale extrinsèque. Selon Ryan et Deci (2000), l’activité est effectuée selon son importance, son utilité et son rôle pour la réalisation des buts personnels de vie. Ainsi, si une personne souffrant de cardiopathie a comme but personnel de vie d’avoir une activité professionnelle qui l’épanouit, et que le programme de réadaptation cardiaque est perçu comme pouvant l’aider dans son retour à son travail, alors elle sera motivée pour y participer.

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